EGYPTE : Violences, affrontements, tentatives d'apaisement

Éditorial de lucienne magalie pons

Les médias européens commentent les  affrontements et les  violences en Égypte toujours avec leurs propres références occidentale  et chacun  en tire des conclusions sur le sort de l’Égypte,   en  demandant à l'Occident de s'engager davantage pour  les droits de l'homme et de la démocratie en Egypte.

Quand on voit à quel point la population Égyptienne est divisée  entre les anti-morsi et les pro-morsi, quand on voit l'ampleur des manifestations  des deux camps les uns contre les autres, quand on se rend compte  que l'Armée Égyptienne est obligée d'arbitrer,  hélas par les armes,  avec les dramatiques conséquences qui s'ensuivent, on se demandent vraiment si les médias européens  se rendent bien compte qu'on ne peut pas plaquer notre modèle de démocratie occidentale , si toutefois c'est un modèle , sur un pays qui ne l'a jamais connu.

Certes ce pays aspire à un changement , il y aspire en espérant trouver  des adaptations  entre  ses  traditions fortement enracinées  dans le passé , parfois divergentes,  et  des idées nouvelles plus modernes, mais quand on  mesure le temps  qu'il faudra aux autorités qui se succèdent de renversement en renversement de situation,   pour trouver un compromis  stable qui seul   permettra d' éradiquer la violence,  rétablir  un état constitutionnel, remettre en place un gouvernement et des institutions, relancer l'économie, et  assurer l'équité sociale, autant dire un programme global de remise en ordre et de progression vers l'avenir accepté par les partis en présence,  , on peut se rendre compte que tout ceci  demandera des décennies  pour rétablir la paix en Égypte

Bien sûr l'Occident peut diplomatiquement intervenir  se dire consterné, tenté d'apaiser les esprits en appelant   à la paix, à la démocratie, aux droits de l'homme, autant de formules qui sonnent creux, ou encore donner son avis  en approuvant ou désapprouvant les uns ou les autres,  tout en défendant ses idées le plus souvent au service de ses intérêts ,ou en promettant des investissements, c'est pour l'Occident une façon de se maintenir en relation avec l’Égypte, à moins qu'un grand coup de folie  ne saissise  l'un de nos dirigeants pour intervenir militairement, on l'a déjà vue  en Lybie et  on connait la suite  malheureuse des évènements  politiques dans ce pays qui n'est pas celles que l'Occident prévoyait.

Alors quand les médias Européeens appellent l'Occident à s'engager pour la démocratie et les droits de l'homme en Égypte  on aimerait bien qu'ils nous définissent exactement les limites de cet engagement, pour nous nous écrivons que  c'est avant tout aux Égyptiens, aux acteurs politiques  et militaires et aux responsables des partis  Égyptiens en présence , à trouver en urgence  une entente politique,   ils ont intérêt à s'entendre très vite, quelques uns bien placés devraient freiner leur ambition personnelle, ou encore partisane,  c'est le sort de l’Égypte  et de sa population qui est en jeu , si tous les acteurs Égyptiens ne le comprennent pas,  ils vont directement et définitivement plonger   leur pays dans la guerre civile et  le chaos révolutionnaire.

REVUE DE PRESSE  EUROPEENNE 

Source : EURO - TOPICS

Revue de presse européenne du 29/07/2013

À LA UNE


Escalade de la violence en Egypte
L'Egypte a connu ce week-end les pires violences depuis la chute du président islamiste Mohamed Morsi. Plus de 80 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées lors d'affrontements entre forces de l'ordre et pro-Morsi. Les commentateurs évoquent les graves conséquences d'une restauration du régime Moubarak par l'armée, et appellent l'Occident à s'engager davantage pour les droits de l'homme et la démocratie.

Tages-Anzeiger - Suisse
Loin de la liberté
On revit les heures sombres de l'ère Moubarak, estime le quotidien libéral Tages-Anzeiger : "Le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim est allé un peu plus loin encore dans la restauration d'un Etat policier plus affirmé et plus puissant encore : la vieille police secrète récupère son ancien nom, des officiers aux pratiques douteuses en matière de droits de l'homme retrouvent leurs fonctions, et l'on ressort les instruments habituels de la répression. Il ne devrait pas falloir longtemps avant que ne reviennent les premières images du dictateur déchu Hosni Moubarak. De nombreux Egyptiens font comme s'ils n'avaient jamais élu Morsi, et considèrent qu'un bon Frère musulman est un Frère musulman mort. … Les nouveaux dirigeants au Caire et une grande partie de la population égyptienne prétendent que l'on peut bâtir la démocratie sur les cadavres des opposants politiques. Jamais le pays n'avait été aussi éloigné de la liberté." (29.07.2013)

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Corriere della Sera - Italie
La difficile mission d'Ashton au Caire
Tout doit être fait en Egypte pour résoudre pacifiquement le conflit, exhorte le quotidien libéral-conservateur Corriere della Sera, qui salue la nouvelle visite au Caire de la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton : "L'armée a obtenu du gouvernement transitoire la possibilité d'arrêter les individus qui 'troublent l'ordre public'. … Le véritable homme fort reste le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Sissi. Il y a un mois, il voulait destituer le gouvernement des Frères musulmans ; il y a six jours, il a appelé la population à lui donner pleine légitimité pour 'lutter contre les terroristes'. Aujourd'hui, ses soldats n'ont plus besoin de justification pour faire usage de leurs armes. … La mission de Catherine Ashton, arrivée hier au Caire pour favoriser le dialogue, ne sera vraiment pas simple. C'est le deuxième déplacement en Egypte de la chef de la diplomatie européenne en moins d'un mois. Le 17 juillet, elle était venue au Caire pour demander entre autres la libération de Morsi." (29.07.2013)

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Pravda - Slovaquie
Adieu les rêves de démocratie en Egypte
Les affrontements d'une rare violence qui se sont déroulés ce week-end au Caire marquent la fin des rêves d'une Egypte bientôt démocratique : "Ceux qui prévoyaient une situation encore plus désastreuse après la chute de Moubarak avaient vu juste. Ces morts constituent une triste carte de visite. D'un autre côté, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'un nouveau régime soit rapidement consolidé après le renversement de l'ancien président. On peut changer les règles politiques d'un pays en quelques mois, et son économie en quelques années. Mais changer la culture politique prend beaucoup plus de temps. Surtout dans un pays qui a subi 30 ans de dictature, et qui doit aussi faire face, en plus de l'éternel clivage droite-gauche, à une division entre islamistes et laïcs. Il faudrait être bien naïf pour penser que tout changement puisse intervenir sans problèmes dans un pays avec autant d'antagonismes." (29.07.2013)

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Die Presse - Autriche
La realpolitik hypocrite de l'Occident en Egypte
Les gouvernements occidentaux doivent renoncer à leur realpolitik hypocrite et lutter pour les droits de l'homme en Egypte, demande le quotidien libéral-conservateur Die Presse : "L'Egypte est revenue à la case départ : elle est à nouveau sous le joug de l'armée. De la même façon que les pays occidentaux ont su s'accommoder d'individus comme Moubarak pendant des années, ils cherchent à présent un modus operandi avec le pouvoir militaire. ... Il ne s'agit pas de condamner la realpolitik en tant que telle. Encore faut-il avoir assez de courage pour la défendre. Sinon, on se retrouve dans la situation délicate de devoir soutenir un régime qui fait abattre ses opposants. Tout tend à penser que les événements de ce week-end en ont été la (nouvelle) démonstration. On peut également choisir de défendre la démocratie et les droits de l'homme. Mais il est impossible de faire les deux en même temps. Dire quelque chose et faire son contraire est un acte hypocrite. Les Egyptiens qui ont mis leur vie en jeu depuis 2011 pour combattre la dictature ne l'ont pas mérité." (29.07.2013)

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