Alors que nos partenaires, notamment britannique et allemand, ne lésinent pas pour préserver leur relation commerciale et stratégique avec Moscou, y compris en matière de fournitures militaires, ils font grand cas du prétendu « aveuglement » de la France, lorsqu’il ne s’agit pas de son « irresponsabilité » voire de sa « complaisance coupable » vis-à-vis de Vladimir Poutine.

On entend même dire que notre pays pourrait compromettre sa position dans les pays de l’est de l’UE, ces pays qui ne cessent d’invoquer l’intérêt supérieur de l’Europe pour instrumentaliser l’ouest dans leur politique nationaliste de règlement de comptes avec la Russie. Mais, au fait, combien la Pologne ou la Lituanie ont-ils acheté de Mistral ou de Rafales ? Et de F18 américains ?

Et dire que François Hollande s’imaginait s’attirer les bonnes grâces de Washington et Bruxelles en faisant preuve d’un suivisme total à leur égard dans la crise ukrainienne… Il pourra surtout constater grandeur nature ce que rapporte toute politiquement d’alignement servile : du mépris et des coups de règle sur les doigts.

Gageons que ce cruel rappel à l’ordre du réel encouragera l’Etat à rester ferme sur la livraison à Moscou de ces matériels stratégiques, qui représente bien plus que des emplois à Saint-Nazaire ou la crédibilité commerciale de notre pays en matière de contrats internationaux. C’est autant le prestige, la valeur de nos équipements militaires, que l’affirmation d’une politique étrangère indépendante – concourant à l’émergence d’un monde multipolaire-, qui sont en jeu. Bref, ce sont nos intérêts au sens le plus noble du terme qui sont en première ligne dans cette affaire - et c’est pourquoi, quoi qu’il arrive, Debout la République restera un observateur vigilant et intraitable sur le maintien de cette vente.

La cession des Mistral paraît bien engagée mais ne pourrait-on espérer davantage ? Espérer que François Hollande tire les conséquences qui s’imposent d’elles-mêmes de cette petite leçon de choses et infléchisse - enfin ! - la politique étrangère de la France, dans un sens plus conforme à l’honneur et à la vocation mondiale du pays ? Mais ce serait sans doute trop lui demander…