Editorial de lucienne magalie pons
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Copernic et les Mistral
1 - Une preuve peut en cacher une autre
1 - Une preuve peut en cacher une autre
Le 30 octobre j'ai pris la précaution de résumer
d'avance mes analyses des 6, 13 et 20 novembre dans l'éventualité où ils se
révèleraient posthumes. Puisque le scalpel du plus illustre chirurgien de la
colonne vertébrale de la région s'est refusé à faire sonner les cloches de la
mort, il me faut profiter de cette attente pour faire précéder mes ultimes
analyses anthropologiques de la géopolitique des leçons d'accélération de
l'histoire de ces derniers jours.
L'heure est proche du rendez-vous avec l'actualité
du discours imaginaire que j'ai fait prononcer à M. Nicolas Sarkozy le 17
octobre 2014 devant l'Académie des sciences morales et politiques et du
rendez-vous avec les évènements du discours que j'ai mis dans la bouche de
Mme Merkel devant le Bundestag le 28 novembre 2014.
Si M. Hollande avait livré les Mistral à la Russie,
il ne traînerait pas le boulet du chant funèbre de la vassalité de la France
jusqu'à la fin de son mandat, parce que gouverner, c'est prévoir et il est
vain de courir derrière le train de l'histoire quand vous l'avez laissé vous
passer sous le nez.
Rappel
Je commente ci-dessous une conséquence diplomatique
immédiate de la vassalité de l'Europe d'aujourd'hui, à savoir l'absence pure
et simple provisoirement imposée à l'Occident des valets par une Russie en
possession, elle, de sa souveraineté pleine et entière, donc l'interdiction
adressée à la France de figurer à la table des négociations ouvertes entre la
Russie et les États-Unis.
Comment une France qui a obéi docilement à l'ordre
des Etats-Unis de garder les Mistral au port de Saint-Nazaire revendiquerait-elle
à l'avenir les prérogatives réservées aux vrais Etats? Comment la Russie ne
rappellerait-elle pas durablement à l'Occident qu'en droit international, la
souveraineté est constitutive de la définition même des Etats et qu'elle a le
devoir d'empêcher que des acteurs qui ne joueront dans la pièce que de
masques grimés aux couleurs de leur maître ne montent sur les planches en
faux acteurs d'un vrai théâtre? On ne joue sur la scène du monde qu'entre les
vrais Etats - on n'invite pas les domestiques des uns ou des autres à usurper
un statut et un rang auxquels ils ont renoncé depuis belle lurette, on ne les
invitera à participer à la représentation que le jour où ils parleront en
leur nom et non en porte-voix du propriétaire qui les tient en laisse.
1 - La diplomatie française et l'astronomie de Ptolémée
2 - Comment cacher notre forfait aux Français 3 - Comment le Quai d'Orsay a mis Ptolémée à la manœuvre 4 - Les tenanciers de la France
Kant fut le premier Socrate des
modernes à remarquer que Copernic avait converti les astronomes de son temps
et toute philosophie de la connaissance rationnelle à user de preuves calquées
sur celles de Platon. Que dit-il aux géocentristes du Moyen-Age? "Ce
n'est pas le spectacle du soleil en voyage au-dessus de vos têtes qui vous
leurre: l'illusion dont vous êtes les otages tient à votre représentation
ptolémaïque de la machine de l'univers. Ce n'est pas le soleil, c'est vous
que le globe terrestre déplace, c'est la mappemonde qui gire sur son axe, ce
qui vous fait croire que le soleil se déplacerait dans les airs."
Le raisonnement des vrais
philosophes se trouve toujours et très exactement construit sur ce modèle de
réfutation de l'erreur de perspective. Socrate ne nie pas l'existence
du théâtre dont se nourrir le sens commun - la course du soleil crève les
yeux - il déconstruit seulement l'erreur de placement du spectateur,
laquelle résulte exclusivement d'une fausse position du corps des acteurs de
la pièce, et il décrit le mécanisme réel de la course dans l'espace qui seule
explique la logique à laquelle obéissait le fantasme cérébral précédent. Du
coup, Copernic et Kant s'imaginaient que le soleil demeurait immobile dans
l'espace et qu'ils avaient observé les vrais mouvements des planètes.
Dans sa Critique de la
raison pure, Kant remonte néanmoins à l'origine trans-expérimentale
de la découverte de l'héliocentrisme: ce n'est pas, écrit-il, le cosmos qui
tourne autour du soleil du causalisme des ancêtres, c'est nous qui tournons
autour des catégories mentales innées qui pilotent tous nos jugements
rationnels. Nous croyons que le Graal d'un causalisme universel serait caché
dans les entrailles de la matière, alors que notre cervelle sécrète la truffe
exquise d'une "causalité expliquante" censée régir l'univers des
atomes. Les causes ne sont nulle part ailleurs que dans nos têtes mythifiées
- ce que Hume avait déjà démontré - et notre cervelle se charge de faire
tourner les astres autour du potager des a priori auxquels nous sommes
ficelés - c'est-à-dire, à nos catégories intellectuelles, qui se trouvent
inscrites dans nos gènes. Puisque notre boîte osseuse est causaliste par un
verdict de la nature, jamais nos analystes ne nous feront apercevoir une
cause en tant que telle et qui se placerait sous la lunette de nos
microscopes : nous sommes des synthétiseurs soumis au moule de notre
imagination épistémologique originelle; nous sommes soumis à la
psycho-génétique qui pilote notre logique euclidienne.
Mais Hume est un généalogiste de
génie: il explique pourquoi nous plaçons à titre héréditaire le fil d'Ariane
d'une causalité raisonneuse devenue coutumière entre les phénomènes qui se
répètent. Il n'en est pas ainsi des habitudes de la diplomatie sporadiquement
ptolémaïque de la France. Prenez l'exemple des navires Mistral construits aux
chantiers navals de Saint-Nazaire : l’Élysée et le gouvernement de la gauche
se croient des malins de chancellerie momentanément défiés. Ils savent fort
bien que la politique étrangère du pays tourne en ce moment autour du pâle
soleil de l'Alliance atlantique et que, pour l'instant, c'est sur l'ordre
inopiné de l'astre noir de notre vassalité de passage que nous avons
benoîtement refusé d'accomplir notre devoir de livrer dans les règles ces
navires de guerre à Moscou. Mais c'est honteusement que nous avons feint de
juger ces armes "litigieuse " a priori - mais nous savons
que nos a priori d'occasion sont contrefaits et falsifiés par nos apprêts
électoraux: nous ne sommes pas dupes de nos ruses d'arpenteurs.
Mais alors, direz-vous, comment
cacherons-nous longtemps au peuple de la sottise française, qui n'est pas
aussi tombé de la dernière pluie qu'on le voudrait, que nous serions soumis
dès le berceau à des erreurs de perspectives doublement anti coperniciennes,
premièrement en ce que nous devons faire semblant que nos langes seraient les
nôtres et ensuite, aller jusqu'à feindre de nous donner et de génération en
génération, la dégaine empruntée de croire le plus sincèrement du monde que
nos motifs éphémères et ceux de notre maître d'outre-Atlantique seraient
moraux. Si nous nous montrions dociles pour les raisons réellement éthiques,
l'Amérique serait notre vrai Dieu, alors que nous ne sommes dupes ni de ses
tours de magicien de l'universel, ni de notre obéissance apprise et de
circonstance.
Du coup, comment falsifierons-nous
une éthique que nous proclamons mondiale et que nous ne déclarons universelle
qu'à seule fin de plier notre échine à la servitude qu'on nous demande
d'afficher? Comment ferons-nous croire à un peuple français, prétendument
abêti à jamais par soixante quinze ans seulement de la servitude pseudo
démonstrative comment lui ferons-nous croire, dis-je, que notre souveraineté
nous commanderait de jouer les Tartuffe, comment tromperons-nous les citoyens
par le moyen d'une illusion d'optique dont Molière nous a montré les
truquages, donc par le recours à un subterfuge diplomatique titanesque?
Comment ferons-nous croire à la planète qu'il serait glorieux de hisser le
soleil de notre servitude dans le ciel du vrai peuple français? Comment
couronnerons-nous les esclaves du Nouveau Monde de l'auréole de la Liberté de
1789?
Le Président de la République est
allé dare dare expliquer aux ouvriers de Saint-Nazaire que les Mistral
auraient été construits à seule fin de se trouver vendus le plus cher
possible, donc au plus offrant, lequel se présenterait spontanément sur le
marché de la liberté des affaires et que la France avait soigneusement monté
et mis en place une tromperie de grand filou. Mais pourquoi les vendre à
l'Egypte, ce Crésus sans le sou? Parce qu'il se les ferait payer en douce et
rubis sur l'ongle par un Crésus réel, l'Arabie saoudite. Mais les difficultés
s'accumulent, comment faire croire, même à des citoyens supposés faibles
d'esprit, donc mal exercés, les pauvres, à distinguer clairement la
diplomatie de Copernic de celle de Ptolémée? Comment leur faire croire, les
malheureux, et du pas assuré des jobards, que ce ne serait nullement
l'honneur et la dignité de la nation qui seraient à vendre sur le marché.
Pour faire croire aux Français que ce ne serait nullement la souveraineté de
la France que nous aurions vendue à l'encan, il faudra, hélas encore, bien
d'autres astuces de maquereaux, tours de passe-passe et ruses de tripot.
Car, à la cour des grands, tout le
monde voit que seule notre crainte de nous faire taper sur les doigts par
notre maître d'outre-Atlantique a commandé la capitulation de la France des
collaborateurs. Voyez comme nous avons été saisis de tremblements à la seule
idée de prendre le risque extraordinaire à nos yeux de présenter ces
porte-hélicoptères à leur véritable acheteur. Comment cacher notre effroi de
valets sous le dais d'un faux-fuyant aussi vulgaire qu'apeuré, aussi lâche
que truqué?
Pour tenter de faire triompher
dans l'arène des nations le toc de notre logique domestiquée, pour tenter de
truquer les preuves sérieuses de Copernic par l'étalage de celles de
Ptolémée, et cela trois siècles après Voltaire, il nous faudra recourir, primo
à la complicité dûment confessée, donc à la culpabilité pénale avouée de
toute la classe dirigeante de notre génération, à la complicité de toute la
presse dite "libre" et secundo à la complicité de tous les
médias domestiqués par la gauche et par la droite.
C'est ici que le boulet des
Mistral se change en boulet de la honte, de la trahison et du déshonneur,
donc de la forfaiture officialisée et légalisée. Car, jusqu'à nos jours, le
peuple proclamé souverain se trouvait effrontément trompé par les
représentants élus de la population; mais il s'agissait toujours de questions
du seul ressort de la politique intérieure, donc relevant de la cuisine
électorale des prétendus fidei commis du peuple.
Or, pour la première fois sur les
planches des marmitons de l'histoire de la France, on voit un Etat légitimé
aux yeux de la mappemonde primo par le suffrage universel, secundo,
soutenu aux yeux du globe terrestre par un gouvernement réputé légal et tertio,
aux yeux de la machine ronde par l'intelligensia officielle du pays blasonné
de la raison cartésienne, tromper le peuple français tout entier sur sa
souveraineté salie et sur le degré réel de la vassalisation écussonné du pays
- donc sur la capacité d'un Elysée de serviteurs d'un maître étranger
domestiqué de piloter dignement la nation de d'Artagnan sur la scène
internationale. Comment cet acteur stipendié offrira-t-il à la poubelle
l'honneur et la droiture d'un peuple qui se croyait souverain?
La plume de nos anciens
mémorialistes ignorait un abaissement du peuple français tellement piteux que
seul le recours récent et en désespoir de cause à l'astronomie de derrière
les fagots de Ptolémée pouvait tenter de faire croire au peuple français
détrôné que la souveraineté du pays ne serait pas tombée dans le ruisseau.
Mais combien de temps une république, c'est-à-dire un système de gouvernement
censé servir de bastion à une démocratie, pourra-t-elle rejouer le rôle de l’Église du Moyen-Age et tromper une nation de citoyens avertis de leurs
prérogatives constitutionnelles. Et pourtant, cet Etat est parvenu à faire
prendre aux Gaulois non seulement des vessies pour des lanternes, mais l'astre
de la vassalité consentie pour le soleil centralisateur de Copernic? Mais
toute notre élite politique était informée du degré d'avachissement du peuple
- sinon elle aurait dit à Washington: Vous nous criez "Vos apanages,
à la lanterne."
Mais supposons un seul instant que
nos commentateurs du train de ce monde, nos mémorialistes au jour le jour et
nos politologues satellisés par l'astronomie de Ptolémée se tromperaient et
qu'ils verraient l'erreur de perspective qui piège le chef de l’État et tous
nos dirigeants. Près de deux siècles et trois décennies après la Révolution
de 1789, l'expérience de notre citoyenneté nous a enseigné qu'on ne trompe
pas longtemps le bon sens le plus élémentaire et le plus naturel d'un peuple
forgé sur l'enclume multiséculaire de la servitude monarchique. La nation
française comprendra lentement, mais inévitablement que sa classe dirigeante
et le Président actuel d'une République de baudriers de Porthos ne sont pas
dignes de la France héritière du siècle des Lumières et que l'infamie du
refus de vendre les Mistral à Moscou - infamie qui nous est imposée sous le
joug d'un vassalisateur étranger - que cette infamie, dis-je, est un cancer
qui rongera la mémoire et l'action de la France jusqu'au jour ou l'instinct
de conservation de la nation exigera l'amputation pure et simple du membre
gangrené - alors il faudra se résoudre à pénaliser une servitude coupable de
ruiner à coup sûr - et pour longtemps- le renom et le rang de la France sur
la scène internationale.
Aussi les restes de l'appareil de l’État encore debout suent-ils sang et eau à anéantir la souveraineté
nationale. Mais la mémoire des peuples est plus tenace que les volètements
des classes dirigeantes de passage. La France profonde, la France souveraine,
la France digne du soleil qui l'éclaire ne pardonnera pas au chef de l’État
et aux derniers papillons de la classe dirigeante une chute aussi
spectaculaire de la souveraineté de la nation dans l'ornière de sa soumission
humiliante aux volontés d'une puissance étrangère.
Le verdict de la vraie France se
trouve d'ores et déjà déposé au greffe du tribunal de la justice et de la
mémoire véritables des nations vivantes et respirantes, et cette pesée-là des
entrailles de la nation reconnaît les poids et mesures respectifs de la
dignité et de l'indignité des peuples.
La semaine prochaine, nous
observerons les plateaux de la survie et de l'anéantissement des patries.
Le 5 novembre 2015
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