Le pacte de stabilité
et de croissance auquel François Hollande et le gouvernement se sont longtemps
accrochés pour nous promettre une amélioration de nos difficultés financières , économiques et sociales vient d'être enterré au profit d'un nouveau plan de
sécurité que le Président de la République a annoncé hier lors de son discours
devant le Congrès parlementaire réuni à Versailles, c'est pour le pouvoir
socialiste en place une bonne aubaine, en effet ce Pacte de stabilité et de
croissance n'a jamais vraiment été mis en œuvre et se trouvait en
"rade", pour le reste en ce qui concerne ce nouveau Plan de sécurité
nous attendons la suite ....pour voir si effectivement il sera efficace ..
Pour le moment nous
sommes toujours dans l’émotion, les symboles et
les intentions politiques, le discours de François Hollande devant le
Congrès parlementaire hier à Versailles est très significatif à cet égard , il
repose sur l’émotion, le symbolisme de la République,( la liberté, l’égalité, la
fraternité) sur ces deux premiers
éléments du discours tout les partis ont en ont eu pour leur content, pour
la parti politique du discours elle est marquée par l'idéologie socialiste il a été question de vivre ensemble, de brassage des cultures,etc ... et quant aux mesures que le Président de la République
a énoncées elles reposent sur des intentions à mettre en oeuvre très rapidement .., le premier Ministre est chargé de préparer les textes en relation avec des parlementaires, qui devront être votés le plus rapidement possible..., mais nous sommes ce matin informés
que l’unanimité des partis politiques n’est
pas totalement acquise sur ce sujet..et que certaines propositions ne seront pas votés par certains parlementaires qui émettent des réserves
Le discours sécuritaire
à pris le pas sur le discours social, le
pacte de stabilité passe au second plan pour ainsi dire maintenu dans un
sommeil duquel du reste il n’avait jamais émergé.
Enfin en ce qui
concerne la modification constitutionnelle que le Président de la République
propose , elle soulève des oppositions notamment celle de Nicolas Sarkozy ( qui
doit s’exprimer dans la journée et que laquelle nous reviendrons dans un
prochain éditorial) , et celle de Noël Mamère qui voit des restrictions aux
libertés civiles, nous y reviendrons aussi en détail dans un autre éditorial.
En fait si en apparence
hier au Congrès tout le monde paraissait unis et solidaire, sitôt après le
Congrès parlementaires des voix dissidentes
s’élevaient.
Nous les analyserons
toutes dans un autre éditorial, nous attendons qu’elles s’expriment toutes pour les regrouper afin de les comparer entre elles.
Pour le moment nous
vous invitons à lire l’intervention du Président de la République et d’en tirer
vos conclusions :
RUBRIQUE : DÉFENSE,
INTÉRIEUR ET SÉCURITÉ, NATION, INSTITUTIONS ET RÉFORME DE L'ETAT
Versailles, le 16
novembre 2015
Monsieur le Président
du Congrès,
Monsieur le Président
du Sénat,
Monsieur le Premier
ministre,
Mesdames et messieurs
les membres du gouvernement,
Mesdames et messieurs
les parlementaires,
La France est en
guerre. Les actes commis vendredi soir à Paris et près du Stade de France, sont
des actes de guerre. Ils ont fait au moins 129 morts et de nombreux blessés.
Ils constituent une agression contre notre pays, contre ses valeurs, contre sa
jeunesse, contre son mode de vie.
Ils sont le fait d’une
armée djihadiste, le groupe Daech qui nous combat parce que la France est un
pays de liberté, parce que nous sommes la patrie des Droits de l’Homme.
Dans une période d’une
exceptionnelle gravité, j’ai tenu à m’adresser devant le Parlement réuni en
Congrès pour marquer l’unité nationale face à une telle abomination et pour
répondre avec la détermination froide qui convient à l’attaque ignoble dont
notre pays a été la cible.
Notre démocratie a
triomphé d’adversaires bien plus redoutables, en vérité, que ces lâches
assassins. Notre République n’est pas à la portée de méprisables tueurs.
Ma volonté est de
mettre toute la puissance de l’Etat au service de la protection de nos
concitoyens. Je sais pouvoir compter sur le dévouement des policiers, des
gendarmes, des militaires, de vous-mêmes représentants de la nation. Vous
connaissez le sens du devoir et, lorsque les circonstances l’exigent, l’esprit
de sacrifice.
Les terroristes croient
que les peuples libres se laisseraient impressionner par l’horreur. Il n’en est
rien et la République française a surmonté bien d’autres épreuves. Elle est
toujours là, bien vivante. Et ceux qui ont entendu la défier ont toujours été
les perdants de l’histoire. Il en sera de même cette fois encore. Le peuple
français est un peuple ardent, vaillant, courageux qui ne se résigne pas et qui
se met debout chaque fois qu’un de ses enfants est à terre.
Ceux qui ont voulu le
meurtrir en frappant délibérément des innocents sont des lâches qui ont tiré
sur une foule désarmée, si bien que nous ne sommes pas engagés dans une guerre
de civilisation, parce que ces assassins n’en représentent aucune. Nous sommes
dans une guerre contre le terrorisme djihadiste qui menace le monde entier et
pas seulement la France.
Dans cette guerre qui a
commencé depuis plusieurs années, nous avons bien conscience les uns et les
autres qu’il faudra du temps et que la patience est aussi exigeante que la
durée et la dureté avec laquelle nous devons combattre.
L’ennemi use des moyens
les plus vils pour essayer de tuer. Mais il n’est pas insaisissable. Je serai
même plus précis encore : il n’est pas hors d’atteinte.
Donc, dans cette
période si difficile, si lourde, où nos concitoyens ont ressenti l’effroi, ils
doivent garder leur sang-froid. J’appelle une nouvelle fois tous nos
compatriotes à faire preuve de ces vertus qui font l’honneur de notre pays : la
persévérance, l’unité, la lucidité, la dignité.
Aujourd’hui, notre pays
est en deuil. Nous pensons à ces innocents qui sont morts fauchés par les armes
de tueurs dans les rues de Paris et de la banlieue. Nous pensons à leurs
familles qui connaissent la peine la plus inconsolable. Nous pensons à ces
centaines de jeunes gens, jeunes filles, jeunes garçons qui ont été touchés,
blessés, traumatisés par cette terrible attaque. Certains, au moment où je parle
devant vous, luttent encore pour leur vie.
Je salue l’action des
services de secours et de soins qui se sont mobilisés depuis vendredi. Notre
système de santé s’était préparé à une telle situation d’urgence. Et une fois
encore, il a fait face pour accomplir parfaitement la mission.
Je veux également
rendre hommage aux forces de l’ordre, pleinement engagées pour assurer la
sécurité des Français, comme une fois encore en a témoigné le courage de ces
policiers qui, au moment de donner l’assaut pour libérer les otages du Bataclan
qui étaient condamnés à une mort certaine sans leur intervention, ont une fois
encore montré de la détermination et du dépassement d’eux-mêmes.
Vendredi, c’est la
France tout entière qui était la cible des terroristes. La France qui aime la
vie, la culture, le sport, la fête. La France sans distinction de couleur,
d’origine, de parcours, de religion. La France que les assassins voulaient
tuer, c’était la jeunesse dans toute sa diversité. La plupart des morts
n’avaient pas 30 ans. Ils s’appelaient Mathias, Quentin, Nick, Nohemi, Djamila,
Hélène, Elodie, Valentin et j’en oublie tellement d’autres ! Quel était leur
seul crime ? C’était d’être vivant.
Ce qui a été visé par
les terroristes, c’était la France ouverte au monde. Plusieurs dizaines d’amis
étrangers font partie des victimes, représentant 19 nationalités différentes.
Depuis vendredi soir,
je reçois des messages de solidarité de chefs d’Etat ou de gouvernements de
toute la planète. Partout, les trois couleurs du drapeau français ont habillé
les sites les plus célèbres rappelant ainsi que la France est toujours une
lumière pour l’humanité. Et quand elle est atteinte, c’est le monde qui se
retrouve un temps dans la pénombre.
Les actes de guerre de
vendredi ont été décidés, planifiés en Syrie, préparés ; ils ont été organisés
en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises.
Ces attentats
poursuivent un objectif bien précis : semer la peur pour nous diviser ici et
faire pression pour nous empêcher là-bas au Moyen-Orient de lutter contre le
terrorisme.
Nous faisons face à une
organisation, Daech, disposant d’une assise territoriale, de ressources
financières et de capacités militaires. Depuis le début de l’année, l’armée
terroriste de Daech a notamment frappé à Paris, au Danemark, en Tunisie, en
Egypte, au Liban, au Koweït, en Arabie saoudite, en Turquie, en Libye. Elle
massacre chaque jour et opprime des populations.
C’est la raison pour
laquelle la nécessité de détruire Daech constitue un sujet qui concerne toute
la communauté internationale. J’ai donc demandé au Conseil de sécurité de se
réunir dans les meilleurs délais pour adopter une résolution marquant cette
volonté commune de lutter contre le terrorisme.
D’ici là, la France
intensifiera ses opérations en Syrie.
Hier soir, j’ai donné
l’ordre à dix chasseurs-bombardiers français de larguer leurs bombes sur le
fief de Daech à Raqqa. Ils ont détruit un centre de commandement et un camp
d’entraînement. J’adresse toutes mes félicitations aux pilotes français qui ont
réussi cette mission. Je remercie également nos alliés américains, qui ont
utilement prêté leur concours à cette opération. Et je l’annonce ici devant le
Congrès : nous poursuivrons ces frappes au cours des semaines à venir. Le
porte-avion Charles de Gaulle appareillera jeudi pour se rendre en Méditerranée
orientale, ce qui triplera nos capacités d’action. Et il n’y aura dans cette
action aucun répit et aucune trêve.
Les commanditaires des
attentats de Paris doivent savoir que leurs crimes, loin de faire vaciller la
résolution de la France, renforcent encore notre détermination à les détruire.
Le terrorisme, nous le
combattons partout là où des Etats sont menacés pour leur survie même. C’est ce
qui a justifié la décision que j’avais prise d’intervenir au Mali et encore en
ce moment même la présence de nos militaires au Sahel là où Boko Haram
massacre, enlève, viole, tue. Le terrorisme, nous le combattons en Irak pour
permettre aux autorités de ce pays de restaurer leur souveraineté sur
l’ensemble du territoire et en Syrie nous cherchons résolument, inlassablement
une solution politique dans laquelle Bachar AL ASSAD ne peut constituer l’issue
mais notre ennemi, notre ennemi en Syrie, c’est Daech.
Il ne s’agit donc pas
de contenir, mais de détruire cette organisation à la fois pour sauver des
populations, celles de Syrie, celles d’Irak mais je pourrais ajouter celles du
Liban, de Jordanie, de Turquie, tous les pays voisins. C’est aussi de nous
protéger, pour éviter que viennent sur notre territoire comme ce fut le cas
vendredi des combattants étrangers pour mener des actes terroristes.
Mais il faut faire
davantage. La Syrie est devenue la plus grande fabrique de terroristes que le
monde ait connu et la communauté internationale – et j’en ai fait plusieurs
fois le constat – est divisée et incohérente. La France a demandé dès le début
du conflit qu’il puisse y avoir cette unité si nécessaire pour agir.
Aujourd’hui, il faut
plus de frappes – nous en faisons –, plus de soutien à tous ceux qui se battent
contre Daech– nous l’apportons, nous la France –, mais il faut un rassemblement
de tous ceux qui peuvent réellement lutter contre cette armée terroriste dans
le cadre d’une grande et unique coalition – c’est ce à quoi nous travaillons.
C’est dans cet esprit
que je rencontrerai dans les prochains jours le Président OBAMA et le Président
POUTINE pour unir nos forces et atteindre un résultat qui pour l’instant est
encore renvoyé à trop longtemps.
La France parle à tous,
à l’Iran, à la Turquie, aux pays du Golfe. Et les attentats de Paris se sont
produits au moment même où se tenait à Vienne avec ces pays-là une réunion pour
chercher une solution politique en Syrie. Alors, chacun est désormais face à
ses responsabilités : les pays voisins, les puissances, mais aussi l’Europe.
J’ai demandé au
ministre de la Défense de saisir dès demain ses homologues européens au titre
de l’article 42-7 du traité de l’Union qui prévoit que lorsqu’un Etat est
agressé, tous les Etats membres doivent lui apporter solidarité face à cette
agression car l’ennemi n’est pas un ennemi de la France, c’est un ennemi de
l’Europe.
L’Europe, elle ne peut
pas vivre dans l’idée que les crises qui l’entourent n’ont pas d’effet sur
elle. La question des réfugiés est directement liée à la guerre en Syrie et en
Irak. Les habitants de ces pays-là, notamment ceux des territoires contrôlés
par Daech sont martyrisés et fuient ; ils sont les victimes de ce même système
terroriste.
Voilà pourquoi il est
vital que l’Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d’asile
mais renvoie dans leurs pays ceux qui n’en relèvent pas, ce qui exige - ce qui
n’est pas le cas encore aujourd’hui- une
protection effective des frontières extérieures. La France y travaille, elle a
été la première à mettre en garde, et la France avec l’Allemagne aujourd’hui
fait en sorte que les pays qui sont confrontés à l’afflux des réfugiés puissent
être aidés. Les premiers à devoir l’être sont les pays de la région : Turquie,
Jordanie, Liban. Et si l’Europe ne contrôle pas ses frontières extérieures,
alors – et nous le voyons aujourd’hui sous nos yeux – c’est le retour aux
frontières nationales, quand ce ne sont pas les murs, les barbelés qui sont
annoncés.
Ce sera alors la
déconstruction de l’Union européenne.
Il est également impératif
que les demandes que la France a exprimées depuis longtemps trouvent en Europe
une traduction rapide ; je pense à la lutte contre le trafic d’armes, à la mise
en place des contrôles coordonnés et systématiques aux frontières et à
l’approbation, avant la fin de l’année 2015, de ce qu’on appelle le PNR
européen, tout simplement pour assurer la traçabilité du retour des djihadistes
et les interpeller.
Voilà les exigences que
portera la France une nouvelle fois par le ministre de l’Intérieur à la réunion
qui se tiendra, à notre demande, dès vendredi.
Face aux actes de
guerre qui ont été commis sur notre sol - et qui viennent après les attentats
du 7, 8 et 9 janvier, et tant d’autres
crimes commis ces dernières années au nom de cette même idéologie djihadiste
- nous devons être impitoyables.
Nous le savons, et
c’est cruel que de le dire, ce sont des Français qui ont tué vendredi d’autres
Français. Il y a, vivant sur notre sol, des individus qui, de la délinquance
passent à la radicalisation puis à la criminalité terroriste. Parfois, ils sont
allés combattre en Syrie ou en Irak. Parfois ils forment des réseaux qui
s’entraînent en fonction des circonstances, ou qui s’entraident pour mener à un
moment que leurs commanditaires ont choisi des actes terroristes. Nous en
avions déjoués plusieurs ces derniers mois et nous savons maintenant, que
dis-je, depuis hélas plusieurs mois, ce qu’est cet engrenage, ce qu’est cette
organisation, ce qu’est cette préparation.
Nous devons donc nous
défendre dans l’urgence et dans la durée. Il en va de la protection de nos
concitoyens et de notre capacité de vivre ensemble.
Dans la nuit de
vendredi, lorsque les fusillades ont fait connaitre leur terrible bilan, j’ai
réuni le Conseil des ministres, j’ai
ordonné le rétablissement immédiat des contrôles aux frontières et j’ai
proclamé l’état d’urgence, sur proposition du Premier ministre.
Il est désormais
effectif sur tout le territoire et j’ai élargi la possibilité de procéder à des
perquisitions administratives dans tous les départements métropolitains. Il y a
eu cette nuit plus de 104 assignations à résidence et 168 perquisitions. Et il
y en aura d’autres.
Cependant, avec les
actes de guerre du 13 novembre, l’ennemi a franchi une nouvelle étape.
La démocratie a la
capacité de réagir. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen affirme
dans son article 2 que la sûreté et la résistance à l’oppression sont des
droits fondamentaux. Alors nous devons les exercer.
Conformément à ces
principes, nous allons donner les moyens
de garantir encore une fois la sécurité
de nos concitoyens.
J’ai décidé que le
Parlement serait saisi dès mercredi d’un projet de loi prolongeant l’état
d’urgence pour trois mois et adaptant son contenu à l’évolution des
technologies et des menaces.
En effet, la loi qui
régit l’état d’urgence, la loi du 3 avril 1955 ne pouvait pas être conforme à
l’état des technologies et des menaces que nous rencontrons aujourd’hui.
Mais elle comporte deux
mesures exceptionnelles : l’assignation à résidence et les perquisitions
administratives. Ces deux mesures offrent des moyens utiles pour prévenir la
commission de nouveaux actes terroristes. Je veux leur donner immédiatement
toute leur portée et les consolider.
Le Premier ministre
proposera donc au Parlement d’adopter un régime juridique complet pour chacune
de ces dispositions. Et mesdames, messieurs les parlementaires, je vous invite
à le voter d’ici la fin de la semaine.
Mais nous devons aller
au-delà de l’urgence.
Et j’ai beaucoup
réfléchi à cette question. J’estime en conscience que nous devons faire évoluer
notre Constitution pour permettre aux pouvoirs publics d’agir, conformément à
l’état de droit, contre le terrorisme de guerre.
Aujourd’hui, notre
texte comprend deux régimes particuliers qui ne sont pas adaptés à la situation
que nous rencontrons.
Premier régime, c’est
le recours à l’article 16 de la Constitution. Il implique que le fonctionnement
régulier des pouvoirs publics soit interrompu. Le Président de la République
prend alors les mesures exigées par les circonstances en dérogeant à la répartition
des compétences constitutionnelles.
Et puis il y a
l’article 36 de la Constitution qui porte sur l’état de siège. Il n’est pas non
plus approprié. L’état de siège, il est décrété en cas de péril imminent
résultant d’une guerre étrangère ou d’une insurrection à main armée. Dans ce
cas, différentes compétences sont transférées de l’autorité civile à l’autorité
militaire.
Chacun voit ici
qu’aucun de ces deux régimes n’est adapté à la situation que nous rencontrons.
Le fonctionnement régulier des pouvoirs publics – et nous le prouvons
aujourd’hui – n’est pas interrompu et il n’est pas concevable de transférer à
l’autorité militaire des pouvoirs. Pourtant nous sommes en guerre. Mais cette
guerre d’un autre type face à un adversaire nouveau appelle un régime
constitutionnel permettant de gérer l’état de crise.
C’est ce qu’avait
proposé en 2007, le comité présidé par Edouard BALLADUR qui réfléchissait sur
l’évolution de notre Constitution. Il
suggérait de modifier l’article 36 de notre Constitution pour y faire figurer
l’état de siège ainsi que l’état d’urgence et sa proposition renvoyait à une
loi organique, le soin de préciser les conditions d’utilisation de ces régimes.
Je considère que cette
orientation doit être reprise. Il s’agit de pouvoir disposer d’un outil
approprié pour fonder la prise de mesures exceptionnelles pour une certaine
durée, sans recourir à l’état de siège et sans compromettre l’exercice des
libertés publiques.
Cette révision de la
Constitution doit s’accompagner d’autres mesures. Il en va de la déchéance de
nationalité. La déchéance de nationalité ne doit pas avoir pour résultat de
rendre quelqu’un apatride, mais nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité
française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de
la Nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né français, je dis bien «
même s’il est né français » dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité.
De même, nous devons
pouvoir interdire à un binational de revenir sur notre territoire, s’il représente
un risque terroriste, sauf à ce qu’il se soumette, comme le font d’ailleurs nos
amis britanniques, à un dispositif de contrôle draconien.
Nous devons pouvoir
expulser plus rapidement les étrangers qui représentent une menace d’une
particulière gravité pour l’ordre public et la sécurité de la Nation, mais nous
devons le faire dans le respect de nos engagements internationaux.
Je sais que d’autres
propositions ont été formulées pour accroitre la surveillance de certains
individus, fichés notamment. Le Gouvernement, dans un esprit d’unité nationale,
va saisir pour avis le Conseil d’Etat pour vérifier la conformité de ces
propositions à nos règles fondamentales et à nos engagements internationaux.
Cet avis sera rendu public et j’en tirerai toutes les conséquences.
Réfléchissons bien à
cette décision. Notre Constitution est notre pacte collectif, elle unit tous
les citoyens, elle est la règle commune,
elle porte des principes, elle est précédée d’un préambule qui montre
que la France est un pays de droit.
La Constitution, c’est
la charte commune, c’est le contrat qui unit tous les citoyens d’un même pays.
Dès lors que la Constitution est le pacte collectif indispensable pour vivre
ensemble, il est légitime que la Constitution comporte les réponses pour lutter
contre ceux qui voudraient y porter atteinte, de la même manière que sont voués
à la dissolution les associations ou les groupements de fait qui provoquent la
haine ou incitent à la commission d’actes terroristes.
Mesdames, Messieurs les
parlementaires, je vous demande de
réfléchir à la décision que j’ai prise et je demande au Premier Ministre de
préparer cette révision avec vous afin qu’elle puisse être adoptée dans les
meilleurs délais.
Car nous avons
prolongé, vous allez prolonger l’état d’urgence au-delà des 12 jours pour trois
mois mais après l’état d’urgence, nous devons être pleinement dans un état de
droit pour lutter contre le terrorisme.
Enfin, puisque la
menace va durablement peser et que la lutte contre Daech va nous mobiliser
encore longtemps sur le front extérieur comme sur le terrain intérieur, j’ai
également décidé de renforcer substantiellement les moyens dont disposent la
justice et les forces de sécurité.
D’abord, les services
d’enquête et les magistrats antiterroristes doivent pouvoir recourir, dans le
cadre de la procédure judiciaire, à tout l’éventail des techniques de
renseignement qu’offrent les nouvelles technologies et dont l’utilisation est
autorisée, dans un cadre administratif, par la loi sur le renseignement. La
procédure pénale doit également prendre en compte, de la manière la plus
étroite possible, la spécificité de la menace terroriste.
Ensuite, les magistrats
doivent avoir plus largement accès aux moyens d’enquêtes les plus sophistiqués,
pour lutter notamment contre les trafics d’armes car ce sont avec les armes du
banditisme que les actes terroristes sont commis. Les peines seront
significativement alourdies.
Enfin, face à la
violence du terrorisme, la question de la légitime défense des policiers et des
conditions dans lesquelles ils peuvent faire usage de leurs armes devra être
traitée toujours dans le cadre de l’Etat de droit.
Ces différents sujets
constitueront la matière d’un important chantier législatif que je demande au
Premier ministre de conduire et d’engager sans délai avec les ministres
concernés, Garde des Sceaux, ministre de l’Intérieur, de manière à ce que nous
ne perdions aucune minute dans l’action engagée.
Ce dispositif, ces
dispositifs complèteront toutes les mesures qui ont été adoptées depuis 2012,
deux lois antiterroristes, une loi sur le renseignement, un renforcement
considérable des moyens mais j’ai également conscience qu’il nous faut
augmenter encore les moyens parce que si nous sommes en guerre, nous ne pouvons
pas l’être avec ce que nous avions il y a quelques années dans des lois de
programmation militaire ou dans d’autres textes imaginés pour assurer la
sécurité de nos concitoyens.
Alors, 5 000 emplois
supplémentaires de policiers et de gendarmes seront créés d’ici 2 ans afin de
porter le total des créations d'emploi de sécurité à 10 000 sur le
quinquennat. Cet effort qui est
considérable et qu’assume le gouvernement dans le contexte budgétaire que
chacun connait permettra simplement de restaurer le potentiel des forces de
sécurité intérieure au niveau qu’elles connaissaient en 2007.
Ces créations de postes
bénéficieront aux services de lutte contre le terrorisme, à la police aux
frontières et plus généralement, à la sécurisation générale du pays. Elles
s'accompagneront des moyens d'équipement et d'investissement nécessaires à
l'accomplissement des missions.
De même, le ministère
de la Justice disposera de 2 500 postes supplémentaires pour l'administration
pénitentiaire, pour les services judiciaires. Et je n’oublie pas l’administration
des douanes qui devra être renforcée de 1 000 postes pour que nous puissions
assurer le contrôle aux frontières dès lors qu’il sera utilisé.
Quant à nos armées qui
sont de plus en plus sollicitées par les opérations extérieures que nous allons
poursuivre, par la sécurité de nos compatriotes qui est demandée, j’ai donc là
encore décidé qu’il n’y aurait aucune diminution d’effectifs dans la défense
jusqu’en 2019. Et cette réorganisation de nos armées se fera au bénéfice des
unités opérationnelles, de la cyberdéfense et du renseignement. Le gouvernement
me présentera donc sans attendre une planification nouvelle de l’évolution des
effectifs de la défense jusqu’en 2019.
Je souhaite également
que l’on tire mieux parti des possibilités des réserves de la défense, encore
insuffisamment exploitées dans notre pays alors que nous avons justement ce
gisement. Les réservistes sont un élément fort du lien entre l’armée et la
Nation. Ils constituent les éléments qui peuvent, demain, former une garde
nationale encadrée et disponible.
Toutes ces décisions
budgétaires seront prises dans le cadre de la loi de finances qui est en ce
moment même en discussion pour 2016. Elles se traduiront nécessairement, et je
l’assume devant vous, par un surcroît de dépenses mais dans ces circonstances,
je considère que le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité.
Mesdames, Messieurs les
Parlementaires, le visage des morts, celui des blessés, celui des familles
endeuillées ne quittent pas mon esprit. Ce souvenir nourrit une résolution sans
faille qui, je le sais, est également la vôtre.
Dans ma détermination à
combattre le terrorisme, je veux que la France puisse rester elle-même. Les
barbares qui l’attaquent voudraient la défigurer ? Ils ne parviendront pas à la
faire changer de visage ; jamais ils ne doivent réussir à abimer l’âme
française. Jamais ils ne nous empêcheront de vivre, de vivre comme nous en
avons décidé, de vivre pleinement, de vivre librement et nous devons en faire
la démonstration avec sang-froid. Et je pense à la jeunesse, je pense à celle
qui se sent blessée à travers toutes ces victimes et qui s’interroge sur sa
capacité à pouvoir vivre dans un Etat de droit.
Nous devons continuer,
continuer à travailler, continuer à sortir, continuer à vivre, continuer à influencer
le monde et c’est pourquoi le grand événement international de la Conférence
sur le Climat sera non seulement maintenu mais sera un moment d’espérance et de
solidarité. D’espérance parce qu’il s’agit tout simplement de l’avenir de la
planète et de solidarité parce qu’il y aura sans doute plus de cent chefs
d’Etat et de gouvernement qui viendront là pour négocier un accord durable, un
accord contraignant, un accord différencié pour que nous puissions vivre et que
nos enfants, petits-enfants puissent continuer à avoir la planète qu’ils auront
reçue en héritage. Mais ils viendront aussi dire à la France, pays de liberté,
combien le monde entier est solidaire, combien le monde entier doit également
se mobiliser pour lutter contre le terrorisme.
De la même manière, les
rythmes de notre démocratie ne sont pas soumis au chantage des terroristes. Les
élections régionales se dérouleront aux dates prévues et la vie politique
elle-même doit retrouver ses droits ; c’est notre devoir.
Monsieur le Président
du Congrès, Monsieur le Président du Sénat, Mesdames, Messieurs les
Parlementaires, vous qui représentez la Nation toute entière, vous la
représentez dans toutes ses sensibilités, dans toute sa diversité mais aussi
dans son unité. Vous êtes les représentants d’un peuple libre qui est
invincible quand il est uni et rassemblé. C’est notre bien le plus précieux et
nous devons éviter surenchères et dérives, c’est aussi notre devoir de
républicain. C’est en renonçant au combat que la République devait mener
qu’elle a pu s’éloigner d’elle-même dans certaines circonstances ; nous devons
veiller qu’il n’en soit pas aujourd’hui le cadre.
La République, nous
voulons l’investir de toute la force nécessaire qu’appelle ce contexte nouveau
de guerre, pour lui permettre d’éradiquer dans le respect de nos valeurs le
terrorisme et sans rien perdre de ce que garantit l’Etat de droit.
Nous éradiquerons le
terrorisme parce que les Français veulent continuer à vivre ensemble sans rien
craindre de leurs semblables. Nous éradiquerons le terrorisme parce que nous
sommes attachés à la liberté et au rayonnement de la France dans le monde. Nous
éradiquerons le terrorisme pour que la circulation des personnes, le brassage
des cultures demeurent possibles et que la civilisation humaine s’en trouve
enrichie. Nous éradiquerons le terrorisme pour que la France continue à montrer
le chemin. Le terrorisme ne détruira pas la République car c’est la République
qui le détruira.
Vive la République et
vive la France.
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