Rechercher dans ce blog

Nombre total de pages vues

Translate

09 mars 2016

Assemblée Nationale : Intervention remarquable de Gilbert Collard sur la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias ( 8 mars 2016 )

Éditorial de lucienne magalie pons

Hier 8 mars 2016 lors de  1ère séance à l’Assemblée Nationale,  après  la discussion et le votre solennel du du projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale (nos 3473, 3515, 3510), la suite de  l’ordre du jour appelait   la discussion, après engagement de la procédure accélérée, de la proposition de loi de MM. Bruno Le Roux et Patrick Bloche et plusieurs de leurs collègues visant à renforcer « la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias (nos 3465, 3542). »

Nous avons  relevé  l’ intervention particulièrement brillante à la tribune du député Maître Gilbert Collard , qui a exposé un  excellent réquisitoire  déontologique, sur l’indépendance de la presse par rapport au politique ..

Ci-dessous nous reproduisons son intervention extraite du compte rendu de la séance :

·         Copié collé :

"  M. le président. La parole est à M. Gilbert Collard.
M. Gilbert Collard. Monsieur le président, madame la ministre, permettez-moi tout d’abord de m’incliner respectueusement devant la mémoire de notre collègue décédée.

Qui d’entre nous ne dirait pas : « Vive l’indépendance, la liberté et le pluralisme de la presse ! » ?

Mme Buffet a raison de nous rappeler l’Histoire et de nous faire souvenir qu’en des temps monstrueux, des hommes reclus dans les catacombes de l’écriture essayaient de dire la vérité sur des feuilles souvent ensanglantées, alors que L’Humanité était vendue grâce à l’intervention des autorités d’occupation.

Mais, aujourd’hui, c’est de votre loi qu’il s’agit. Elle est intéressante à bien des égards, et présente des avancées, mais elle me paraît tout de même étrange, en raison d’une seule formulation qu’il faut interpréter d’une manière quasi psychanalytique.

L’article 1er interdit d’exercer des pressions pour inciter un journaliste à signer un article contraire à son intime conviction.
M. Yves Durand. Professionnelle.
M. Gilbert Collard. Je l’ai lu avec le regard du juriste, parce que je préfère être juriste que politique – je me sens mieux, plus libre, beaucoup plus libre.
M. Yves Durand. Personne ne vous oblige à être politique !
Plusieurs députés du groupe SRC. Démissionnez !
M. Gilbert Collard. Je ne pourrais pas me passer de vous ! Comment faire ? Je dois faire preuve d’intelligence ! Vous quitter ? Non !
M. Pascal Terrasse. C’est une question de réciprocité, monsieur Collard. Vous n’êtes pas en train de plaider !
M. le président. Nous écoutons notre collègue !
M. Gilbert Collard. Ils peuvent brailler tant qu’ils veulent, monsieur le président, cela ne me dérange pas.
Votre référence à la notion d’intime conviction est tout de même étonnante. Un orateur l’a dit tout à l’heure : elle s’applique aux jurés de cour d’assises. Cette phrase dit tout de votre texte.

Si vous aviez vraiment voulu l’indépendance de la presse, vous auriez dit : « il est interdit d’inciter un journaliste à écrire un article contraire à la sincérité et à la vérité des informations recueillies. »

En fait, vous voulez pouvoir permettre l’expression d’une idéologie dominante. De quelle intime conviction s’agit-il ? De celle d’un homme de gauche, d’un homme de droite, d’un homme d’extrême gauche, d’un homme d’extrême droite ? C’est quoi, l’intime conviction d’un journaliste ? Ce qui compte, c’est la vérité des faits…

Mme Sylvie Tolmont. Qu’est-ce qu’un fait ?
M. Gilbert Collard. ...et la vérité que l’on peut exposer à partir de ces faits ! Les commentaires sont libres, les faits sont sacrés ! Et vous ne supportez aucune contradiction ! Cela en dit long sur votre idée de la liberté d’expression ! En vérité, que voulez-vous ? Exercer une domination idéologique ! Tout le texte en témoigne, comme lorsque vous donnez des pouvoirs au CSA ! Tant que vous y êtes, pourquoi ne créez-vous pas un conseil supérieur, un Conseil de l’ordre des journalistes ? Reprenez les textes de Mussolini ! Ils vous iraient à merveille, car c’est lui qui a créé le premier conseil de l’Ordre des journalistes !

Vous voulez tout simplement faire en sorte que l’intime conviction c’est-à-dire la conviction politique du journaliste – l’emporte, ce qui est désastreux pour la liberté de la presse.

Lorsque l’on poursuit la lecture de ce texte, on se rend compte que le moyen essentiel d’organiser vraiment la liberté, l’indépendance et le pluralisme de la presse eût été de vous intéresser à l’argent public, à l’argent privé, à la concentration du capital. Il eût fallu exiger des patrons de presse qu’ils soient soumis à la loi sur la transparence, comme nous ! Il faudrait que l’on connaisse leur patrimoine, d’où vient l’argent, qui les enrichit ! De la même manière, il faudrait connaître le montant des deniers publics déversés vers des médias privés via les contrats d’images, d’annonces, de publicités !

Il ne faut pas que, directement ou indirectement, un secrétaire d’État, un ministre, soient propriétaires d’un journal. Voilà ce qui aurait conféré indépendance, pluralisme et liberté à la presse !

Enfin, pour conclure : ne décorez plus les journalistes ! Ne les décorez plus ! Laissez-les libres ! Décorez-les lorsqu’ils n’exercent plus ! Ce serait bien, très bien ! Si je peux me permettre : que le Président de la République lui-même veille à ne pas les décorer, car cela les humilie un peu. Non, certes, parce que c’est le Président de la République – au contraire, c’est un honneur – mais parce que lorsqu’on est journaliste, on ne doit dire merci à personne ! Cela, comme le disait Albert Londres, c’est la grandeur du journaliste !

(fin de l'intervention)
-------------------------------------------//
Si  vous souhaitez voir son intervention en vidéo nous vous invitons à cliquez sur le lien ci-dessous qui vous conduira directement sur la vidéo de la 1ère séance, pour accedez ensuite à son intervention i suffirat de cliquer sur son nom qui figure dans la listes des intervenants qui se présentera :








Aucun commentaire: