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09 août 2016

"L'Espagne survit à sa crise institutionnelle " par Maître Elie Hatem

Éditorial de lucienne magalie pons

Chronique de Maître Elie Hatem : 

L'ESPAGNE SURVIT A SA CRISE INSTITUTIONNELLE
Plus de six mois après les élections législatives du 20 décembre dernier, l'Espagne est toujours dépourvue de gouvernement. Le parti populaire de Marion Rajoy avait pourtant obtenu 33,4% du suffrage mais il devait composer avec d'autres partis politiques qui ont émergé lors de ce scrutin, afin de former un gouvernement.
En juin dernier compte tenu de cette crise, le roi avait pourtant dissout l'Assemblée en vue de la tenue de nouvelles élections qui ont confirmé davantage le résultat obtenu en décembre, sans pour autant permettre la solution de cette crise institutionnelle. Si, le 25 courant, un gouvernement n'est pas formé, de nouvelles élections législatives devront avoir lieu en décembre prochain.
En effet, le jeu des coalitions entre les partis politiques empêche une majorité de se dégager. Le gouvernement sortant se contente d'expédier les affaires courantes sans pouvoir exercer des prérogatives exécutives de présentation de projets de loi devant le Congrès des députés. Néanmoins et malgré cette paralysie, le pays s'en sort bien, bon an mal an, au point de vue économique avec une baisse du chômage et une croissance satisfaisante.
Cette situation rappelle la crise institutionnelle en Belgique qui a vécu un an et demi sans gouvernement, en raison d'un blocage entre les partis politiques à l'issue des élections législatives de juin 2010. Dans ce pays composé de communautés culturelles et linguistiques conflictuelles, cette crise étaient renforcée par les visées sécessionnistes flamandes, encouragées par le parti « Nouvelle Alliance Flamande » (N-VA). Cette cacophonie, qui n'avait pourtant pas totalement affecté l'économie du pays à l'instar de la situation actuelle en Espagne, avait poussé la société civile à prendre une initiative pour sortir le pays de ce marasme provoqué par le conflit entre les partis politiques. Cette plate forme avait regroupé des néerlandais, des francophones et des germanophones afin de faire entendre la voie du « pays réel ».
Le Liban, à l'instar de la Belgique dont la constitution a inspiré la sienne et dont la composition communautaire est similaire, est dépourvu de Chef d'Etat, avec un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes, depuis plus de deux ans. Le processus électoral du Président de la République étant identique à celui de la IIIème République française dont le modèle constitutionnel a été transposé au Liban, les députés sont appelés à élire le Chef de l'Etat. Pour y parvenir, un compromis communautaire est nécessaire. Mais ce compromis a toujours été le fruit de tractations étrangères, en fonction des acteurs influent sur la scène libanaise : autrefois la Syrie, Israël, les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et, dans une faible mesure, la France.
La situation cacophonique actuelle au Proche et au Moyen-Orient empêche ce processus électoral de se dérouler mais le pays s'en sort bien, grâce au flux financier dont il bénéficie et à la dynamique de la société civile qui s'impose de plus en plus en s'insurgeant contre le système communautaire et celui des partis politiques.
Ces trois exemples illustrent la survie de pays dépourvus d'institutions légales grâce à la prise de conscience du pays réel qui surmonte les crises institutionnelles qui sont les conséquences des conflits entre les parties politiques.

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